Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/525

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ſeroit devenue l’Amérique, ſi ce mauvais eſprit s’étoit manifeſté à l’origine des conquêtes ? Que deviendroit-elle, s’il s’étendoit ? Réfléchiſſez-y un moment, & vous vous convaincrez qu’une ſuſpenſion générale de la juſtice deviendroit un des plus redoutables fléaux, dont l’eſpèce humaine put être affligée. Vous ſentirez qu’un accord auſſi funeſte des nations rameneroit l’univers à un état de brigandage & de barbarie, dont nous n’avons pas même l’idée. Quel avantage trouverez-vous à nous remplir de vos ſcélérats & à vous infecter des nôtres ? Quel intérêt, quelle confiance peut-on prendre à des hommes ſans foi envers leurs concitoyens ? Vous promettez-vous plus de probité des nôtres ? Si vous les accueillez, pourquoi une troiſième nation les repouſſeroit-elle ? Votre projet eſt-il que la perfidie puiſſe impunément errer de contrée en contrée, & ſe promener avec impunité ſur toute la ſurface du globe ? J’exagère les ſuites de votre procédé : mais ſi l’on veut juger ſainement d’une action, il faut en porter les effets à l’extrême. C’eſt un moyen sûr d’en faire ſentir avec force le réſultat.

Mais, me répliquez-vous, que falloit-il