Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/524

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n’étoient-ils pas des voleurs ? Pourquoi donc leur accordez-vous un aſyle. Lorſqu’on les réclama, pourquoi en refusâtes-vous la reſtitution ? On vous l’aura demandée impérieuſement. Je l’ignore : mais je le ſuppoſe. Ce n’étoit pas le ton qu’il s’agiſſoit d’examiner, mais la juſtice de la demande. Ce n’eſt pas le moment de répondre à la morgue par de la morgue. Une action ſollicitée par la juſtice ne peut jamais humilier. Mettez-vous pour un moment à la place des créanciers, & dites-moi ſi vous n’auriez pas fait entendre à la cour de Londres les mêmes repréſentations & les mêmes plaintes ; ſi ſon ſilence ou ſon refus ne vous auroient pas également indignés ? Eſt-ce qu’il y a deux juſtices ?

Et vous Anglois, lorſque par repréſailles, vous offrîtes un aſyle aux émigrans François, ne doublâtes-vous pas le même délit ? N’invitâtes-vous pas au vol & à la déſertion les débiteurs infidèles qui étoient tentés d’échapper à la pourſuite légitime de leurs créanciers ? Si les nations qui ſe ſont partagées le Nouveau-Monde avoient, à votre exemple, pris le même parti ; qui eut fait à ſes colons les avances dont ils auroient eu beſoin ? Que