Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/59

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autant d’adverſaires puiſſans, qui, joignant leurs armes à la richeſſe qu’ils recevoient, tourneroient ce double inſtrument à ſa propre ruine.

La Zone tempérée de l’Amérique Septentrionale ne pouvoit attirer que des peuples laborieux & libres. Elle n’a que des productions communes & néceſſaires, mais qui ſont dès-lors une ſource éternelle de richeſſe ou de force. Elle favoriſe la population, en fourniſſant matière à cette culture paiſible & sédentaire qui fixe & multiplie les familles, qui, n’irritant point la cupidité, préſerve des invaſions. Elle s’étend dans un continent immenſe, ſur un front large, & par-tout ouvert à la navigation. Ses côtes ſont baignées d’une mer preſque toujours libre, & couvertes de ports nombreux. Les colons y ſont moins éloignés de la métropole, vivent ſous un climat plus analogue à celui de leur patrie, dans un pays propre à la chaſſe, à la pêche, à l’agriculture, à tous les exercices, & aux travaux qui nourriſſent les forces du corps, & préſervent des vices corrupteurs de l’âme. Ainſi dans l’Amérique comme en Europe, ce ſera le Nord qui ſubjuguera le