Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/86

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eſt dans un plus grand déſordre encore que l’iſle. Les habitations y changent ſouvent de place. Des déſerts immenſes les séparent. Placées à une grande diſtance du marché général, elles n’ont aucune facilité pour leurs échanges. On n’y jouit d’aucune des commodités que ſe procurent mutuellement des hommes réunis. Les loix, la police, les bienséances, l’émulation, l’influence du miniſtère : tous ces avantages y ſont inconnus. Pour l’exploitation de cent lieues de côtes, on ne comptoit en 1775 que treize cens perſonnes libres, & huit mille eſclaves. Les productions de la colonie étoient même au-deſſous de ces foibles moyens, parce qu’il n’y avoit dans les ateliers que des blancs ſans intelligence, que des noirs ſans ſubordination. Les denrées qu’emportèrent les bâtimens venus de l’Amérique Septentrionale ou de la Guadeloupe & de la Martinique, ne s’élevèrent pas à 100 000 livres, & la France ne reçut ſur ſix navires que quarante quintaux de ſucre, qui furent vendus en Europe 2 156 livres ; ſix cens cinquante-huit quintaux quatre-vingt-huit livres de café, qui furent vendus 31 296 liv. 16 ſols, trois quintaux

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