Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

leur fit craindre de devenir la proie du premier corſaire, qui auroit envie de les parler ; & ils allèrent chercher de la tranquilité dans les établiſſemens de leur nation, qui avoient plus de force, ou qui pouvoient ſe promettre plus de protection. Il n’y eut plus alors de culture ſuivie, ni de colonie régulière à Sainte-Lucie. Elle étoit ſeulement fréquentée par des habitans de la Martinique, qui y coupoient du bois, qui y faiſoient des canots, & y entretenoient des chantiers aſſez conſidérables.

Des ſoldats & des matelots déſerteurs s’y étant réfugiés après la paix d’Utrecht, il vint en pensée au maréchal d’Eſtrées d’en demander la propriété. Elle ne lui eut pas été plutôt accordée en 1718, qu’il y fit paſſer un commandant, des troupes, du canon, des cultivateurs. Cet éclat bleſſa la cour de Londres, qui avoit des prétentions ſur l’iſle, à raiſon de la priorité d’établiſſement ; comme celle de Verſailles, en vertu d’une poſſeſſion rarement interrompue. Ses plaintes déterminèrent le miniſtère de France à ordonner que les choſes ſeroient remiſes dans l’état où elles étoient, avant la conceſſion qui venoit d’être