Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/94

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faite. Soit que cette complaiſance ne parût pas ſuffiſante aux Anglois ; ſoit qu’elle leur perſuadât qu’ils pouvoient tout oſer, ils donnèrent eux-mêmes, en 1722, Sainte-Lucie au duc de Montaigu, qui en envoya prendre poſſeſſion. Cette oppoſition d’intérêts donna de l’embarras aux deux couronnes. Elles en ſortirent, en 1731, en convenant que, juſqu’à ce que les droits reſpectifs euſſent été éclaircis, l’iſle ſeroit évacuée par les deux nations : mais qu’elles auroient la liberté d’y faire de l’eau & du bois.

Cet arrangement n’empêcha pas les François d’y établir de nouveau en 1744, un commandant, une garniſon, des batteries. Ou la cour de Londres ne fut pas avertie de cette infidélité, ou elle feignit de ne la pas voir, parce que ſes navigateurs ſe ſervoient utilement de ce canal, pour entretenir avec des colonies plus riches, des liaiſons interlopes que les ſujets des deux gouvernemens croyoient leur être également avantageuſes. Elles durèrent avec plus ou moins de vivacité, juſqu’au traité de 1763, qui aſſura à la France la propriété ſi long-tems & ſi opiniâtrement diſputée de Sainte-Lucie.