Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/95

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XIV. Premières opérations de la France à Sainte-Lucie.

Un entrepôt fut le premier uſage que la cour de Verſailles ſe propoſa de faire de ſon acquiſition. Depuis que ſes iſles du Vent avoient abattu leurs forêts, étendu leurs cultures, & perdu la reſſource du Canada & de la Louyſiane, il étoit devenu impoſſible de s’y paſſer des bois & des beſtiaux de l’Amérique Septentrionale. On avoit cru voir de grands inconvéniens à l’admiſſion directe de ces ſecours étrangers ; & Sainte-Lucie fut choiſie pour les échanger contre les ſirops de la Martinique, de la Guadeloupe. L’expérience ne tarda pas à démontrer que c’étoit un plan chimérique.

Pour que cet arrangement pût avoir ſon exécution, il faudroit que les américains déposâſſent leurs cargaiſons, qu’ils les gardâſſent ſur leurs navires, ou qu’ils les vendiſſent à des négocians établis dans l’iſle : trois combinaiſons dont aucune n’eſt praticable.

Jamais les navigateurs ne ſe détermineront à mettre à terre leur bétail, dont la garde, la nourriture, les accidens les ruineroient infailliblement, ni à dépoſer dans des magaſins des bois d’un trop mince prix, d’un trop gros volume, pour ſoutenir les frais d’un loyer.