Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/98

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à acheter un ſol qu’ils avoient défriché avec des fatigues incroyables, ont pris la même route. La Martinique a fourni des habitans, dont les poſſeſſions étoient peu fécondes ou bornées, & des négocians qui ont retiré quelques fonds de leur commerce pour les confier à l’agriculture. On leur a diſtribué à tous gratuitement des terres.

XV. Quelle opinion faut-il avoir de Sainte-Lucie ?

C’eut été un préſent funeſte, ſi le préjugé établi contre Sainte-Lucie, avoit eu quelque fondement. La nature, diſoit-on, lui avoit refusé tout ce qui peut conſtituer une colonie de quelque importance. Dans l’opinion publique, ſon terroir inégal n’étoit qu’un tuf aride & pierreux qui ne paieroit jamais les dépenſes qu’on feroit pour le défricher. L’intempérie de ſon climat devoit dévorer tous les audacieux que l’avidité de s’enrichir ou le déſeſpoir y feroient paſſer. Ces idées étoient généralement reçues.

Dans la vérité, le ſol de Sainte-Lucie n’eſt pas mauvais ſur les bords de la mer, & il devient meilleur à meſure qu’on avance dans les terres. Tout peut être défriché, à l’exception de quelques montagnes hautes & eſcarpées, ſur leſquelles on remarque