Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/100

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l’entrée franche de tous les ouvrages qui ſeroient manufacturés dans ces contrées éloignées. Cette prérogative ſingulière, dont il n’eſt pas aisé de pénétrer les motifs, donnoit aux ouvriers de la Nouvelle-France, un avantage incomparable ſur ceux de l’ancienne, enveloppés de péages, de lettres de maîtriſe, de frais de marque, de toutes les entraves que l’ignorance & l’avarice y avoient multipliées à l’infini.

Pour répondre à tant de preuves de prédilection, la compagnie qui avoit un fonds de cent mille écus, s’engagea à porter dans la colonie, dès l’an 1628, qui étoit le premier de ſon privilège, deux ou trois cens ouvriers des profeſſions les plus convenables, & juſqu’à ſeize mille hommes avant 1643. Elle devoit les loger, les nourrir, les entretenir pendant trois ans, & leur diſtribuer enſuite une quantité de terres défrichées, ſuffiſantes pour leur ſubſiſtance, avec le bled néceſſaire pour les enſemencer la première fois.

La fortune ne ſeconda pas les avances que le gouvernement avoit faites à la nouvelle compagnie. Les premiers vaiſſeaux