Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/124

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aux pieds de devant, & ceux-ci lui tiennent lieu de mains ; il a la queue plate, ovale, couverte d’écailles, & il l’emploie à traîner & à travailler ; il a quatre dents inciſives & tranchantes, & il en fait des outils de charpente. Tous ces inſtrumens, qui ne ſont preſque d’aucun uſage, quand l’animal vit ſeul, ou qui ne le diſtinguent point alors des autres animaux, lui donnent une induſtrie ſupérieure à tous les inſtincts, quand il vit en ſociété.

Sans paſſions, ſans violence & ſans ruſe, dans l’état iſolé, à peine oſe-t-il ſe défendre. À moins qu’il ne ſoit pris, il ne ſait pas mordre. Mais au défaut d’armes & de malice, il a, dans l’état ſocial, tous les moyens de ſe conſerver ſans guerre, & de vivre ſans faire ni ſouffrir d’injure. Cet animal paiſible, & même familier, eſt d’ailleurs indépendant, & ne s’attachant à perſonne, parce qu’il n’a beſoin que de lui-même ; il entre en communauté, mais il ne veut point ſervir, ni ne prétend commander. Un inſtinct muet au-dehors, mais qui lui parle en-dedans, préſide à ſes travaux.

C’eſt le beſoin commun de vivre & de