Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/125

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peupler, qui rappelle les caſtors, & les raſſemble en été, pour bâtir leurs bourgades d’hiver. Dès le mois de juin & de juillet, ils viennent de tous les côtés, & ſe réuniſſent au nombre de deux ou trois cens, mais toujours ſur le bord des eaux ; parce que c’eſt ſur l’eau que doivent habiter ces républicains, à l’abri des invaſions. Quelquefois ils préfèrent les lacs dormans au milieu des terres peu fréquentées, parce que les eaux y ſont toujours à la même hauteur. Quand ils ne trouvent point d’étang, ils en forment dans les eaux courantes des fleuves ou des ruiſſeaux ; & c’eſt par le moyen d’une chauſſée ou d’une digue. La ſeule pensée de cet ouvrage, eſt un ſyſtême d’idées très-composées, très-compliquées, qui ſemble n’appartenir qu’à des êtres intelligens ; & ſi ce n’étoit la crainte du feu dans ce monde ou dans l’autre, un chrétien croiroit ou diroit que les caſtors ont une âme ſpirituelle, ou que celle de l’homme n’eſt que matérielle. Il s’agit d’un pilotis de cent pieds de longueur ſur une épaiſſeur de douze pieds à la baſe, qui décroit juſqu’à deux ou trois pieds, par un talus, dont la pente & la hauteur