Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/169

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Ceux de cinquante à cent tonneaux, après avoir débarqué leur petite cargaiſon, alloient faire la pêche eux-mêmes ; & ne repartoient pas qu’elle ne fût finie.

L’iſle-Royale n’envoyoit pas toute ſa pêche en Europe. Une partie paſſoit aux iſles Françoiſes du Midi, ſur vingt ou vingt-cinq bâtimens qui portoient depuis ſoixante-dix juſqu’à cent quarante tonneaux. Outre la morue, qui devoit former au moins la moitié de la cargaiſon, on exportoit de cette colonie aux autres, des madriers, des planches, du merrain, du ſaumon & du maquereau ſalés, de l’huile de poiſſon, du charbon de terre. Tous ces envois étoient payés avec du ſucre & du café, mais plus encore avec des ſirops & du taffia.

L’iſle-Royale ne pouvoit conſommer tous ces retours. Le Canada n’emportoit que très-peu de leur ſuperflu. Il étoit enlevé, pour la plus grande partie, par les colons de la Nouvelle-Angleterre, qui donnoient des fruits, des légumes, des bois, des briques, des beſtiaux. Ce commerce d’échange leur étoit permis. Ils y ajoutoient en fraude des farines, & même une aſſez grande quantité de morue.