Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/170

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Malgré cette circulation, qui ſe faiſoit toute entière à Louiſbourg, la plupart des colons languiſſoient dans une misère affreuſe. Ce mal tiroit ſa ſource de la dépendance où leur état de pauvreté les avoit jetés en arrivant dans l’iſle. Dans l’impuiſſance de ſe pourvoir d’uſtenſiles & des premiers moyens de pêche, ils les avoient empruntés à un intérêt exceſſif. Ceux même qui n’avoient pas eu beſoin de ces avances, ne tardèrent pas à ſubir la dure loi des emprunts. La cherté du ſel & des vivres, les pêches malheureuſes les y réduiſirent en peu de tems. Des ſecours qu’il falloit payer vingt ou vingt-cinq pour cent par année, les ruinèrent ſans reſſource.

Telle eſt à chaque inſtant la poſition relative de l’indigent, qui ſollicite des ſecours, & du citoyen opulent, qui ne les accorde qu’à des conditions ſi dures, qu’elles deviennent en peu de tems fatales à l’emprunteur & au créancier ; à l’emprunteur, à qui l’emploi du ſecours ne peut autant rendre qu’il lui a coûté ; au créancier, qui finit par n’être plus payé d’un débiteur, que ſon uſure ne tarde pas à rendre inſolvable. Il eſt difficile de trouver un remède à cet inconvénient :