Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/183

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ſins, avec les Eſpagnols, avec les iſles Françoiſes & avec l’Europe. Le port, qui devoit former ces liaiſons, ne tenoit pas au continent. Un haſard heureux ou malheureux l’avoit placé à quelques lieues de la côte, dans une iſle déſerte, ingrate & ſauvage, qu’on décora du grand nom d’iſle Dauphine.

Une colonie, fondée ſur de ſi mauvaiſes baſes, ne pouvoit proſpérer. La mort d’Iberville qui, en 1706, termina ſa carrière devant la Havane, en ſervant glorieuſement ſa patrie dans la marine, acheva d’éteindre le peu d’eſpoir qui reſtoit aux plus crédules. On voyoit la France trop occupée d’une guerre déſaſtreuſe, pour en pouvoir attendre des ſecours. Les habitans ſe croyoient à la veille d’un abandon total ; & ceux qui ſe flattoient de pouvoir trouver ailleurs un aſyle, s’empreſſoient de l’aller chercher. Il ne reſtoit que vingt-huit familles, plus misérables les unes que les autres, lorſqu’on vit avec ſurpriſe Crozat demander en 1712 & obtenir pour quinze ans le commerce excluſif de la Louyſiane.

C’étoit un négociant célèbre, qui, par