Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/205

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mais la ſuperſtition explique tout ce que la raiſon trouve inconcevable. Elle ſeule pouvoit ôter la liberté à des hommes qui n’avoient guère à perdre que la liberté.

La plupart des relations aſſurent, ſur la foi douteuſe de quelques traditions, que les Natchez occupèrent long-temps la rive orientale du Miſſiſſipi, depuis la rivière d’Iberville juſqu’à l’Ohio, c’eſt-à-dire un eſpace de quatre cens lieues. Alors, ils devoient former la nation la plus floriſſante de l’Amérique Septentrionale. On peut ſoupçonner que le joug ſous lequel un gouvernement oppreſſeur & arbitraire les faiſoit gémir, les dégoûta de leur patrie. Ils durent ſe diſperſer ; & quelques traces de leur culte, qu’on trouve de loin en loin dans ces régions, paroiſſent donner du poids à ces conjectures. Ce qui eſt sûr, c’eſt que lorſque les François parurent à la Louyſiane, ce peuple ne comptoit que deux mille guerriers, & ne formoit que quelques bourgades, placées à une aſſez grande diſtance les unes des autres, mais toutes rapprochées du Miſſiſſipi.

Ce défaut de population n’empêchoit pas que le pays des Natchez ne fut excel-