Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/204

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des mêmes honneurs. Dès qu’un de ces ſauvages eſclaves avoit eu le malheur de déplaire à l’un ou l’autre de ſes maîtres : qu’on me défaſſe de ce chien, diſoient-ils à leurs gardes, & ils étoient obéis. C’étoit une obligation, de leur apporter tout ce que la chaſſe, la pêche, la culture offroient de meilleur. Lorſqu’il mouroit, lui ou ſa femme, il falloir que pluſieurs de leurs ſujets terminâſſent auſſi leur carrière, pour les aller ſervir dans un autre monde. La religion des Natchez ſe bornoit à l’adoration du ſoleil : mais cette croyance étoit accompagnée de beaucoup de culte & par conséquent ſuivie de mauvais effets. Cependant il n’y avoit qu’un temple pour toute la nation. Il fut embrâsé un jour par le feu qu’on y entretenoit perpétuellement, du moins habituellement ; & la conſternation fut générale. On faiſoit de vains efforts pour arrêter l’incendie. Quelques mères y jetèrent leurs enfans, & le feu s’éteignit enfin. L’éloge de ces barbares héroïnes fut prononcé le lendemain par le pontife deſpote. C’eſt ainſi qu’il régnoit. On s’étonne qu’un peuple auſſi pauvre, auſſi ſauvage fût ſi cruellement aſſervi :