Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de vous être fidèles ; & c’eſt dans ce moment que vos yeux déſignoient dans la foule les premières victimes de votre autorité. Colons ſtupides, colons lâches, où êtes-vous ? que faites-vous ? On entraîne à l’échafaud, on va précipiter dans des foſſes obſcures, vos amis, vos parens, vos chefs, vos défenſeurs, les objets de votre tendreſſe, de votre vénération ; & vous êtes immobiles ! quand & pourquoi, vous expoſerez-vous donc à mourir ? Venez du moins apprendre à connoître la puiſſance ſous laquelle vous avez à vivre. Vile canaille, venez vous inſtruire du ſort qui vous attend, par celui de vos citoyens qui valent mieux que vous.

Effrayés de ces atrocités, ceux des habitans que les intérêts de leur négoce avoient appelés dans la colonie, portèrent ailleurs leur activité. Le déſeſpoir fit abandonner pluſieurs riches plantations par leurs propriétaires. Le reſte vécut ſous l’oppreſſion & dans la misère. Sans quelques liaiſons furtives avec l’Anglois qui navigue ſur le Miſſiſſipi, dont il poſſède & enrichit une des deux rives, ces malheureux habitans