Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/264

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des héritages, ſera regardé par le vulgaire comme un ſyſtême inhumain & opposé aux loix de la nature : mais ce reproche ſera-t-il fondé ? Un homme, qui a terminé ſa carrière, peut-il avoir des droits ? En ceſſant d’exiſter, n’a-t-il pas perdu toutes ſes capacités ? Le grand être, en le privant de la lumière, ne lui a-t-il pas ôté tout ce qui en étoit une dépendance ? Ses volontés dernières peuvent-elles avoir quelque influence ſur les générations qui le ſuivront ? Non, Tout le tems qu’il a vécu, il a joui & dû jouir des terres qu’il cultivoit. À ſa mort, elles appartiennent au premier qui s’en ſaiſira & qui voudra les enſemencer. Voilà la nature. S’il s’eſt établi ſur le globe preſque entier un autre ordre de choſes, c’eſt une ſuite néceſſaire des inſtitutions ſociales. Leurs loix ont dérogé aux loix de la nature, pour aſſurer la tranquilité, pour encourager l’induſtrie, pour affermir la liberté. Ce que les gonvernemens ont fait, ils ſeront en droit de le faire encore, lorſqu’ils le jugeront convenable à leurs intérêts, au bonheur commun des membres qui les compoſent, & par conséquent d’une manière plus ou moins fa-