Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/281

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du Canada. Alors on convertiſſoit tous ces papiers en lettres-de-change, qui devoient être acquittées en France par le gouvernement, qui étoit censé en avoir employé la valeur. Mais la quantité s’en étoit tellement accrue, qu’en 1754 le tréſor du prince n’y pouvoit plus ſuffire, & qu’il fallut en éloigner le paiement. Une guerre malheureuſe, qui ſurvint deux ans après, en groſſit encore le nombre, au point qu’elles furent décriées. Bientôt les marchandiſes montèrent hors de prix ; & comme, à raiſon des dépenſes énormes de la guerre, le grand conſommateur étoit le roi, ce fut lui ſeul qui ſupporta le diſcrédit du papier & le préjudice de la cherté. Le miniſtère, en 1759, fut forcé de ſuſpendre le paiement des lettres-de-change, juſqu’à ce qu’on en eût démêlé la ſource & la valeur réelle. La maſſe en étoit effrayante.

Les dépenſes annuelles du gouvernement, pour le Canada, qui ne paſſoient pas quatre cens mille francs, en 1729, & qui, avant 1749, ne s’étoient jamais élevées au-deſſus, de dix-ſept cens mille livres, n’eurent plus, de bornes après cette époque. L’an 1750,