Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/298

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de quelques faveurs du haſard. Elle en fut ſingulièrement ſecourue.

La garniſon de Louiſbourg avoit toujours été chargée de la conſtruction, de la réparation des fortifications. Elle ſe livroit d’autant plus volontiers à ces travaux, qu’elle les regardoit comme un principe de sûreté, comme un moyen d’aiſance. Lorſqu’elle s’aperçut que ceux qui devoient la payer s’approprioient le fruit de ſes ſueurs, elle demanda juſtice. On oſa la lui refuſer ; & elle ne craignit pas de ſe la faire à elle-même. Comme les chefs de la colonie avoient partagé avec les officiers ſubalternes le prix de cette déprédation, il ne ſe trouva perſonne qui pût rétablir l’ordre. L’indignation des ſoldats contre ces avides concuſſionnaires, leur fit mépriſer toute autorité. Depuis ſix mois ils vivoient dans une révolte éclatante, lorſque les Anglois ſe préſentèrent devant la place.

C’étoit le moment de rapprocher les eſprits. Les troupes firent les premiers pas : mais leurs commandans ſe méfièrent d’une généroſité dont ils n’étoient pas capables, Si ces lâches oppreſſeurs avoient pu ſup-