Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rapet, ſans qu’ils puſſent ſe défendre. Inutilement ils tomboient enfilés, embarraſſés dans les tronçons d’arbres, au travers deſquels leur fougue les avoit emportés. Tant de pertes ne faiſoient qu’accroître cette rage effrénée. Elle ſe ſoutint plus de quatre heures, & leur coûta plus de quatre mille de leurs braves guerriers, avant qu’ils abandonnâſſent une entrepriſe auſſi téméraire que forcenée.

Les actions de détail ne leur furent pas moins funeſtes. Ils n’inſultoient pas un poſte, où ils ne fuſſent repouſſés. Ils ne haſardoient pas un détachement, qui ne fût battu ; pas un convoi, qui ne fût enlevé. La rigueur même des hivers, qui devoit les garder & les défendre, étoit la ſaiſon où les ſauvages & les Canadiens alloient porter le fer & le feu ſur les frontières, & juſques dans le centre des colonies Angloiſes.

Tous ces déſaſtres avoient leur ſource dans un faux principe du gouvernement. La Cour de Londres s’étoit toujours perſuadée, que pour dominer dans le Nouveau-Monde, elle n’avoit beſoin que de la ſupériorité de ſa marine, qui pouvoit facilement y trans-