Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/337

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que la dîme de toutes les productions lui appartenoit par un droit divin & inconteſtable. La facilité avec laquelle s’établit cette prétention, la lui fit étendre au dixième de l’induſtrie, des gains du commerce, des gages des laboureurs, de la paie des ſoldats, quelquefois même du revenu des charges de la cour.

Rome, qui s’étoit d’abord contentée de contempler avec une orgueilleuſe ſatiſfaction les ſuccès qu’avoient en Angleterre les riches & ſuperbes apôtres d’un Dieu né dans la misère, & mort dans l’ignominie, ne tarda pas à vouloir participer aux dépouilles de ce malheureux pays. Elle commença par y ouvrir un commerce de reliques toujours accréditées par de grands miracles, & toujours vendues à proportion du prix qu’y mettoit la crédulité. Les grands, les monarques même, furent invités à venir en pèlerinage dans la capitale du monde, y acheter une place dans le ciel, aſſortie au rang qu’ils tenoient ſur la terre. Les papes s’attribuèrent inſenſiblement la collation des bénéfices, & les vendirent après les avoir donnés. Par cette voie, leur tribunal évoqua toutes