Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la couleur & l’épiderme de leur peau, ſe reſſentent de la qualité de leur nourriture. L’huile de baleine qu’ils boivent, la chair de chien-marin qu’ils mangent, leur donnent un teint olivâtre, une odeur forte de poiſſon, une ſueur graſſe & gluante, quelquefois une ſorte de lèpre écailleuſe. Auſſi les mères, à l’exemple des ours, lèchent-elles leurs nouveaux nés.

Cette nation foible & dégradée par la nature, eſt intrépide ſur une mer continuellement périlleuſe. Avec des bateaux faits & couſus, pour ainſi dire, comme des outres, ſi bien fermés que l’eau n’y peut entrer même par-deſſus, ils ſuivent les colonies de harengs dans toutes leurs émigrations du pôle ; ils affrontent les baleines & les chiens de mer, dans une guerre où il y va de la vie pour les combattans. La baleine peut ſubmerger d’un coup de queue une centaine de ſes aggreſſeurs ; le chien-marin a des dents pour déchirer ceux qu’il ne peut noyer. Mais la faim des Eſkimaux eſt plus forte que la rage des montres. Ils brûlent d’une ſoif dévorante pour l’huile de baleine. Cette boiſſon entretient la chaleur de leur eſtomac,