Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/38

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bandonnoient alors, dans une sécurité profonde, à la plus entière inaction. Ce ſentiment inquiet de ſa propre foibleſſe ; cette laſſitude de tout & de ſoi-même, qu’on appelle ennui ; ce beſoin de fuir la ſolitude & de ſe décharger ſur autrui du fardeau de ſa vie, étoient inconnus à ce peuple content de la nature & de ſa deſtinée.

Leur ſtature étoit taillée en général dans les plus belles proportions : mais plus propres à ſupporter les fatigues de la courſe, que les peines du travail, ils avoient moins de vigueur que d’agilité. Avec des traits réguliers, ils avoient cet air féroce que leur donnoient ſans doute l’habitude de la chaſſe & le péril de la guerre. Leur peau étoit d’un rouge obſcur & ſale. Cette couleur déſagréable leur venoit de la nature qui hâle tous les hommes, continuellement exposés au grand air. Elle étoit augmentée par la manie qu’ont toujours eue les peuples ſauvages de ſe peindre le corps & le viſage, ſoit pour ſe reconnaître de loin, ſoit pour ſe rendre plus agréables dans l’amour ou plus terribles à la guerre. À ce vernis, ils joignoient des frictions de graiſſe