Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/39

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de quadrupède ou d’huile de poiſſon, uſage familier & néceſſaire pour ſe garantir de la piqûre inſoutenable des moucherons & des inſectes qui couvrent tous les pays que l’homme laiſſe en friche. Ces onguens étoient préparés & mêlés avec des ſucs ou des matières rouges qui, peut-être, étoit le poiſon le plus mortel pour les mouſtics. Ajoutez à ces enduits qui pénètrent & dénaturent la couleur de la peau, les fumigations qu’on oppoſe encore à tous ces inſectes, ou que reſpirent ces peuples dans leurs cabanes, où ils ſe chauffent tout l’hiver, où ils boucanent leurs viandes. C’en étoit aſſez pour leur donner un teint hideux à nos regards, mais beau ſans doute, ou du moins ſupportable à leurs yeux peu délicats. Du reſte ils avoient la vue, l’odorat, l’ouïe, tous les ſens d’une fineſſe ou d’une ſubtilité qui les avertiſſoient de loin ſur leurs dangers ou leurs beſoins. Ceux-ci étoient bornés ; mais leurs maladies l’étoient bien davantage. Ils ne connoiſſoient guère que celles qui pouvoient naître de leurs exercices quelquefois trop violens, ou de la ſurabondance de nourriture qu’ils prenoient après des diètes exceſſives.