Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/40

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Leur population étoit peu nombreuſe, & peut-être n’étoit-ce pas un malheur. Les nations policées doivent déſirer la multiplication des hommes, parce que, gouvernées par des chefs ambitieux d’autant plus portés à la guerre qu’ils ne la font pas, elles ſont réduites à la néceſſité de combattre pour envahir ou pour repouſſer, parce qu’elles n’ont jamais allez de terrein & d’eſpace pour leur vie entreprenante & diſpendieuſe. Mais les peuples iſolés, errans, gardés par les déſerts qui les séparent, par les courſes qui les dérobent aux irruptions, par la pauvreté qui les garantit de faire ou de ſouffrir des injuſtices, ces peuples ſauvages n’ont pas beſoin d’être multipliés. Pourvu qu’ils le ſoient aſſez pour réſiſter aux animaux féroces, pour repouſſer un ennemi qui n’eſt jamais fort, pour ſe ſecourir mutuellement, tout eſt bien. Plus ils le ſeroient au-delà ; plus promptement ils auraient dévaſté les lieux qu’ils habitent, plutôt ils ſeroient forcés de les quitter pour en aller chercher d’autres, le ſeul, ou moins le plus grand inconvénient de leur vie précaire.