Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/407

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X. Ce que les iſles de Saint-Jean, de la Madeleine & du cap Breton ſont devenues, depuis qu’elles ont ſubi le joug Anglois

Lorſque les Anglois s’emparèrent de Saint-Jean, ſitué dans le golfe Saint-Laurent, ils eurent la mauvaiſe politique d’en chaſſer plus de trois mille François qui, depuis peu, y avoient formé des établiſſemens. La propriété de l’iſle n’eut pas été plutôt aſſurée au vainqueur par les traités, que le comte d’Egmont déſira de s’en voir le maître. Il s’engageoit à fournir, à ſes frais, douze cens hommes armés pour la défenſe de la colonie ; pourvu qu’il lui fut permis de céder aux mêmes conditions & en arrière-fiefs, des portions conſidérables de ſon territoire. Ces offres étoient agréables à la cour de Londres : mais une loi portée à l’époque mémorable du rétabliſſement de Charles II avoit défendu la ceſſion du domaine de la couronne, ſous la redevance d’un ſervice militaire ou d’un hommage féodal. Les juriſconſultes prononcèrent que ce ſtatut regardoit le Nouveau-Monde comme l’ancien ; & cette déciſion fit naître d’autres idées au gouvernement.

La longue & cruelle tempête, qui avoit agité le globe, étoit appaisée. La plupart des officiers, dont le ſang avoit ſcellé les triomphes de l’Angleterre, étoient ſans occupation