Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/411

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tagnes couronnées de mauvais bois, de vallées étroites & ſablonneuſes. Ces lieux inacceſſibles ſont remplis de bêtes fauves, qui s’y multiplient d’autant plus aisément, qu’on ne ſauroit les y pourſuivre. Jamais on n’y a vu d’autres ſauvages que quelques Eſkimaux venus du continent dans la ſaiſon des chaſſes. La côte eſt par-tout remplie d’anſes, de rades, de ports ; quelquefois couverte de mouſſe, mais plus communément de petits cailloux qui ſemblent deſtinés à sécher le poiſſon qu’on prend aux environs. On éprouve des chaleurs fort vives dans tous les endroits découverts, où des pierres plates réfléchiſſent les rayons du ſoleil. Le reſte du pays eſt exceſſivement froid, moins par ſa poſition que par les hauteurs, les forêts, les vents, ſur-tout par ces monſtrueuſes glaces, qui, venues des mers du Nord, ſe trouvent arrêtées ſur ſes rivages, & y séjournent. Les quartiers ſitués au nord & à l’oueſt jouiſſent conſtamment du ciel le plus pur : il eſt beaucoup moins ſerein à l’eſt & au ſud, trop voiſins du grand banc, où il règne un brouillard perpétuel.

XII. À quelles époques & de quelle manière les Anglois & les François s’établirent-ils à Terre-Neuve.

La découverte de Terre-Neuve fut faite, en 1497, par le Vénitien Jean Cabot. Cet