Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/423

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On dit que la mer briſe, lorſqu’elle s’élève très-haut en bouillonnant & en formant comme des colonnes d’eaux, qui retombent avec violence. Lorſque la mer eſt groſſe, les vagues montent, mais ſe ſuivent régulièrement, & les navires obéiſſent, ſans péril, à ce mouvement, qui ſemble les porter aux nues, ou les deſcendre aux enfers. Mais lorſque les vagues ſont agitées violemment par des vents qui ſoufflent en ſens contraires, ou par quelque autre cauſe, il n’en eſt pas ainſi. Deux vaiſſeaux, aſſez voiſins pour ſe parler, ceſſent tout-à-coup de s’apercevoir, Il s’élève entre eux une montagne d’eau, qui, venant à éclater & à fondre ſur eux, ſuffit pour les abymer. Cet état de mer n’eſt pas fréquent. On peut voyager long-tems ſans y être exposé. Mais l’emploi de l’huile n’en garantît-elle qu’un ſeul bâtiment, ſur la multitude de ceux qui couvrent l’océan, dans un grand nombre d’années, l’importance de ce facile ſecours ſeroit encore très-grande.

Les pêcheurs de Liſbonne & ceux des Bermudes rendent à l’eau le calme & la tranſparence avec un peu d’huile, qui arrête tout-à-coup l’irrégularité des réfractions des