Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/424

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rayons de la lumière, & leur permet d’apercevoir le poiſſon. Les plongeurs modernes, qui vont chercher la perle au fond de la mer, ont coutume, à l’exemple des plongeurs anciens, de ſe remplir la bouche d’huile, qu’ils lâchent goutte à goutte, à meſure que l’obſcurité leur dérobe leur proie. Il y en a qui préſument la préſence du requin & l’abondance du hareng, dans les lieux où la mer leur offre un calme qui n’exiſte pas ſur le reſte du parage. Les uns diront que c’eſt l’effet de l’huile qui s’échappe du corps du hareng ; d’autres qu’elle en ſort ſous la dent du requin qui le dévore. Ils uſent du même moyen, tantôt pour diſcerner les pointes de rocher couvertes dans l’agitation des îlots, tantôt pour arriver à terre avec moins de péril. Pour cet effet, les uns ſuſpendent au derrière de leurs barques un paquet d’inteſtins, remplis de la graiſſe du fumal ou pétrel, oiſeau qui vomit toute pure l’huile des poiſſons dont il ſe nourrit. D’autres remplacent ces inteſtins par une cruche renversée, dont l’huile diſtille, à diſcrétion, par une ouverture faite au bouchon.

Le terrible élément, qui a séparé les con-