Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/477

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de tous les plaiſirs qu’il avoit trouvés en Europe, quand il erroit d’une cour à l’autre, pour recouvrer une couronne que ſon père avoit perdue ſur l’échafaud. Il eut pour apôtres de ſes principes une multitude de femmes galantes, de favoris débauchés, de beaux-eſprits libertins. En peu de tems il changea les mœurs générales ; & il ne falloit pas moins qu’une ſemblable révolution pour aſſurer la tranquilité de ſon adminiſtration ſur un trône enſanglanté. Ce prince étoit un de ces voluptueux délicats, que l’amour des plaiſirs ſenſuels rend quelquefois humains & ſenſibles à la pitié. Touché des ſupplices des Quakers, il en interrompit le cours en Amérique, par une ordonnance de 1661 : mais il ne put y étouffer entièrement l’eſprit persécuteur.

La colonie avoit mis à ſa tête Henri Vane, fils de ce Vane qui s’étoit ſi fort ſignalé dans les troubles de ſa patrie. Ce jeune homme, enthouſiaſte, entêté, digne en tout de ſon père, ne pouvant ni vivre en paix lui-même, ni y laiſſer les autres, reſſuſcita les diſputes également ridicules & ſurannées de la grâce & du libre arbitre. On ſe paſſionna pour ces