Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/478

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obſcures & frivoles queſtions. Peut-être auroient-elles allumé une guerre civile, ſi des nations ſauvages, réunies entr’elles, tombant ſur les plantations des Anglois, n’en euſſent maſſacré un grand nombre. Grâces à leurs querelles théologiques, les colons ſentirent d’abord foiblement une ſi rude perte. Mais enfin le danger univerſel devint ſi preſſant, qu’on courut aux armes. L’ennemi repouſſé, la colonie rentra dans ſon caractère de diſſenſion. Cet eſprit de vertige éclata même en 1692, par des atrocités dont l’hiſtoire offre peu d’exemples.

Dans une ville de la Nouvelle-Angleterre, nommée Salem, vivoient deux filles ſujettes à des convulſions, qui étoient accompagnées de ſymptômes extraordinaires. Leur père, paſteur de cette égliſe, les crut enſorcelées. Soupçonnant une ſervante Indienne, qui étoit chez lui, d’avoir jeté quelque ſort ſur ſa famille, à force de mauvais traitemens, il lui fit avouer qu’elle étoit ſorcière. D’autres femmes, séduites par le plaiſir d’intéreſſer le public, crurent que des convulſions qu’elles ne devoient qu’à la nature de leur ſexe, avoient la même origine. Trois citoyens,