Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/484

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une compagnie d’hommes féroces comme lui pour aller à la chaſſe des ſauvages. Un jour il en découvrit dix, paiſiblement endormis autour d’un grand feu. Il les maſſacra, porta leur chevelure à Boſton, & reçut la récompenſe promiſe. Anglo-Américains, oſez à préſent adreſſer quelques reproches aux Eſpagnols ? Qu’ont ils fait ? qu’auroient-ils pu faire de plus inhumain ?… Et vous étiez des hommes ? & vous étiez des hommes civilisés ? & vous étiez des chrétiens ? Non. Vous étiez des monſtres à exterminer ; vous étiez des monſtres contre leſquels une ligue formée eût été moins criminelle que celle que Lovewel forma contre les ſauvages. Si le lecteur me demande la date de cette ſcélérateſſe ; ſi elle eſt de la fondation de la colonie ou d’un tems moderne, j’eſpère qu’il me diſpenſera de lui répondre.

XXI. Sévérités outrées qui ſe perpétuent dans la Nouvelle-Angleterre, après même l’extinction du fanatiſme.

Des loix trop sévères ſubſiſtent toujours dans ces contrées. On jugera de ce rigoriſme par le diſcours que tint, il n’y a pas long-tems devant les magiſtrats, une fille convaincue d’avoir produit, pour la cinquième fois, un fruit illégitime.

« J’oſe eſpérer, dit-elle, que la cour me