Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/490

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pelez un péché fût réellement un crime, je n’aurois pas l’audace, ni la méchanceté de le commettre. Mais comment oſerois-je penſer que Dieu ſoit irrité de me voir procréer des enfans, quand il leur donne un corps ſain & robuſte qu’il ſe plaît à douer d’une âme immortelle ? Dieu juſte & bon ; Dieu réparateur des maux & des injuſtices, c’eſt à toi que j’en appelle ici de la ſentence de mes juges ! Ne me venge point ; ne les punis pas ; mais daigne les éclairer & les attendrir ! Si tu as donné à l’homme la femme pour compagne ſur cette terre hériſſée de ronces, qu’il n’accable pas d’opprobre un ſexe qu’il a lui-même corrompu ; qu’il ne sème pas la honte & la misère dans le plaiſir où tu as attaché la conſolation de ſes peines ! qu’il ne ſoit pas ingrat & dénaturé juſqu’au ſein du bonheur, en livrant aux ſupplices les victimes de ſes voluptés ! Fais qu’il reſpecte dans ſes déſirs la pudeur qu’il honore ; ou qu’après l’avoir violée dans ſes plaiſirs, il la plaigne du moins au lieu de l’outrager : ou plutôt fais qu’il ne change point en crimes des actions que toi-même as per-