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II


Luxure ! âme des nuits des capitales (lie
Où l’Homme entassé vit, rongé de noirs ferments)
Ta déplorable erreur couve et se multiplie.
Tous tes émois cachés, ta secrète-folie
Se respirent, dans l’ombre, au long des monuments !

Luxure ! où retentit le tumulte des âges,
Éclair libérateur des cerveaux orageux,
Comme un appât sournois, tu dresses tes mirages ;
Ta hantise prête une auréole aux visages
Et fait chanter une Sirène dans les yeux !

Tu réveilles d’un goût de proie et d’aventures
Le primitif sauvage enfermé dans nos cœurs ;
Ce que ta convoitise allume de splendeurs
Jette un voile enflammé sur ta morne imposture,
Et tu prends l’âme aux rets de tes songes menteurs !