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À sa mère.


13 novembre 1855.
Chère mère,

À l’absence de lettres, je m’aperçois que je suis bien véritablement dans un autre monde ; mais une seule de tes bonnes et douces paroles suffît pour me faire oublier de longs mois d’attente ; cela me fait du bien de m’entendre appeler de temps en temps mon fils, moi qui, faute d’amis, ai été obligé de me faire un petit monde à part de livres, de cartes, de pensées et de souvenirs. Tes lettres me font du bien : elles me reportent auprès de toi, là où j’ai laissé la meilleure part de moi-même, mon affection. Écris-moi quelques fois, chère mère, pour remplir ma solitude.

En tout cas, si tu veux que ta lettre me parvienne, tâche de me répondre au plus tard vers la fin du mois de janvier, car il est très probable que je vais quitter la famille de M. Fortier, Il y a longtemps déjà que ces messieurs connaissent mon intention de partir à la fin de la secondé année de mon séjour chez eux. Je crois qu’ils seraient très contents de me voir rester, mais