Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/144

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à vous, vous n’aurez qu’à jouir de ses bonnes qualités En fait de matières argenteuses, il a toujours agi à mon égard avec une grande délicatesse. Puis vient sa fille, bonne, grosse et joufflue, inculte de toutes les manières, mais désireuse d’apprendre, un fils surnommé Chéri, garçon parfois fort maussade que son père envoie au diable cinquante fois par jour et dont l’existence m’inquiète fort peu ; une ânesse, digne mère de famille, qui porte avec dignité les charges qu’on lui met sur le dos ; deux chiens galeux, une jolie poule, et quatre moroccons, charmantes petites tortues, chers animaux qui font ma joie. Quand tu seras ici, rien ne nous empêchée, si nous le voulons, de former un jardin botanique, et zoologique. J’oubliais de dire que nous aurons un petit mulâtre, Ramon Diaz, qui ressemble à Onésime enfant ; nous pensions aussi nous charger d’un gaminet, petit-fils de Dessalines et arrière petit-fils de Bernier, le médecin du Grand Mogol, mais de charmant qu’il était, l’enfant est devenu insupportable, presque tout d’un coup. Son intelligence, sa grâce et sa beauté, sont restées les mêmes, la seule différence consiste en un changement de tension morale.

 

Il paraît que la Nouvelle Grenade va entrer dans sa période de réaction. Nous avons été battus aux élections dernières : Ospina, le jésuite sans tâche, un petit homme à la tête penchée, au regard multiple, à la voix de cigale, un de ces Aarons visqueux qui font couler l’huile de la sainteté sur leur barbe et sur le bord de leurs vêtements, vient d’être élu pour quatre longues années. La rébellion du général Melo et la stupide trahison d’Obando, qui a bien voulu échanger sa popula-