Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pirouette autour d’Alcyone, t’oxygène courtise l’hydrogène, le phosphore coquette avec le soufre et les ondes de l’éther se poursuivent amoureusement. Tout est mouvement et vie, et moi j’irais pleurer. Non, je veux garder pour vous un éclair dans mon œil et de l’énergie dans mon esprit.

Revenons à la question des écus. Si vous m’envoyez 300 francs, je pars et je remets le paiement de ma dette à plus tard ; si Élie gagne les livres tournois en question, qu’il m’envoie des sommes par le correspondant du vice-consul de l’empire français dans la ville de Riohacha, et je vous arrive par bateau à vapeur, ce qui me plairait infiniment mieux que de courir des bordées pendant des mois entiers dans un triste navire à voiles. Sinon… eh bien ! tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. À propos, ma santé est à peu près revenue : jamais je ne me suis mieux porté pendant les sept mois qui viennent de s’écouler et ma rate qui avait pris un volume considérable a repris des dimensions légitimes.

D’après votre lettre, il paraît que j’avais mal expliqué mes idées, les revoici :

Il va sans dire que l’Amérique est belle, mais il y a aussi cinquante pour cent à parier que l’un de vous y mourrait ; or, tous les pays de la terre sont beaux. Pourquoi donc n’irions-nous pas habiter ensemble dans un de ces beaux pays où les chances de mort sont peu nombreuses ? Ainsi donc le plus simple est de laisser Élisée partir pour Paris, y prendre femme, ce qui lui fera un bien considérable, lui donner du papier à salir et de sales écus à gagner en compagnie de ses bien aimés, n’est-ce pas, Élie ? Ce n’est pas que la boue de Paris me plaise, mais les Parisiens me plaisent, et ma