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Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/184

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À Élie Reclus.


Sans date. 1857.
Amis,

Le voyage des Landes que j’ai fait avec Onésime a été l’un des plus instructifs de ma vie… J’ai vu les dunes dans toute leur magnificence, celle d’Aldos haute, puissante, inexorable, qui de sa masse de sables recouvre un port, une ville et des campagnes, celles de Mimizan, qui entourent la ville comme une falaise circulaire et n’ont pu être arrêtées qu’après avoir déjà enseveli nombre de maisons.

Jamais non plus je n’ai vu la mer si belle qu’à la barre de l’Adour et à celle du vieux Boucau. Vue du haut d’une dune, la mer semblait un tournoiement du Niagara. Là, aussi loin que l’œil pouvait les atteindre, les vagues blanches se poussaient, se dressaient l’une contre l’autre et s’écroulaient par une succession de cataractes. À chaque nouvel écroulement des flots, un espace de plus de cent mètres de large se couvrait d’une eau blanche comme le lait, puis aussitôt la vague se ramenait sur elle-même et se redressait pour prendre