Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/185

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un nouvel élan. Chaque coup de mer arrachait le sable du fond et nous avons vu deux vagues remplacer une dune assez profonde par une petite presqu’île d’un hectare de superficie. L’écume s’amoncelait sur les bords comme un champ de neige et le vent la faisait envoler par tourbillons blancs, de sorte qu’il était souvent difficile de distinguer les vols des goélands et ceux des flocons. Puis c’étaient des fumées, des brouillards d’eau brisée qui éclataient, tourbillonnaient, s’évanouissaient dans le vent et se confondaient avec les nuages déchirés suspendus sur la mer. L’Adour s’avançait petit et tranquille au devant de cette mer rugissante et l’on voyait son eau verte monter lentement de vague en vague au dessus de toutes les cataractes d’écume… C’était bel.

L’ancienne embouchure de l’Adour devait être encore bien plus magnifique que l’embouchure actuelle : de deux kilomètres au moins, retenue par de hautes falaises de sable, elle était vraiment digne de donner passage à un grand fleuve. Louis de Foix nous a rendu un mauvais service en forçant l’Adour de se jeter dans la mer près de Bayonne.

Écrivez promptement…

En souvenir de moi, aimez-vous bien tous les trois.

Salut, mes bons
Élisée.