Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/231

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sonné leur enthousiasme, Julie[1] et moi, nous avons été heureux tout simplement, Mme Ermance a pu contempler une collection de fuchsias, de cystus, de mesæmbryanthemum, de cactus, de cercus, aussi belle et plus belle que celles de M. Lebougre et du Palais de l’Industrie. Tout le monde a donc été satisfait. À ce, ajoutez que nous sommes bons compagnons, que nous savons nous attendre, nous retrouver aux rendez-vous indiqués, nous faire toutes les petites concessions nécessaires à l’intimité pendant le voyage. Mme Ermance est toujours ce que vous savez, un bon compagnon… Julie est dans une jubilation vraiment outrecuidante : si bien que, hier, elle avait une envie féroce de se mettre au piano et de jouer un morceau de sa composition dans la salle d’hôtel où nous sommes descendus et devant tout un monde d’Anglais. Hickel est le plus facile des hommes, s’accommodant de tout, optimiste par raison autant que par conviction, donnant son bras avec plaisir ou dévouement, ce qui revient au même. Morin est le plus inquiet de la troupe : il prévoit, il redoute, il appréhende, il craint, et parfois, quand l’événement justifie ses prévisions, il établit la supériorité de son bon sens sur nos légèretés ; du reste, spirituel, aimable, dévoué, galant envers ces dames.

Hier lundi, nous avons été au Palais de Cristal. Jamais nous ne l’avions vu si beau. La vue était admirable : du haut des terrasses et de la tour, on avait sous les yeux un vrai paysage de Claude Lorrain, vaporeux, infini, plein de mouvement, de grâce et, çà et là, illuminé par des rayons égarés. La foule était grande, les fontaines jaillissaient ; malheureusement pour les

  1. Belle-sœur d’Élisée, plus tard Mme Germain Casse.