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À Élie Reclus


Londres. Sans date, septembre ou octobre 1862.
Très chers amis,

Tout va bien. Le temps n’a cessé d’être aussi favorable qu’il peut l’être en Angleterre, et nous en avons largement profité. Nous avons consacré le premier jour à faire les arrangements d’installation, à quitter l’hôtel, où un Français à l’apparence de mouchard nous écorcha en compatriote, à nous loger chez une dame anglaise très prévenante et très aimable, à visiter les jardins zoologiques. Le dimanche nous allions à Kew. C’était un beau spectacle. Les prairies des bords de la Tamise étaient d’un vert admirable ; malgré la saison avancée, les arbres touffus avaient encore gardé toutes leurs feuilles. Les petites barques se croisaient sur la rivière, une vapeur bleuâtre étendait son voile transparent sur tous les lointains. Quant au jardin de Kew, il était ce qu’il est toujours, admirable, et nous en avons tous joui à notre manière. Hickel et Morin[1] ont rai-

  1. Ernest Morin, professeur à Paris et collègue d’Élisée à la Société de Géographie.