Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/136

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encore s’élance deçà et delà, se tord comme un serpent aux anneaux alternativement noirs et argentés. À travers les roches, les herbes, les arbrisseaux, tous les ruisselets séparés pour un instant se rapprochent de nouveau comme une troupe d’enfants à l’appel d’une mère. Et tout cela rit et chante avec joie. Chaque cascatelle a sa voix, douce ou grave, argentine ou profonde, et toutes s’accordent en un concert charmant qui berce la pensée et, comme la musique, lui donne un mouvement égal et rhythmé. Enfin tous les filets épars se sont réunis dans le lit commun, ils entre-croisent leurs courants et leurs bordures d’écume, puis reprennent ensemble le chemin de la plaine.

La cataracte est bien autre chose. Ici, les eaux ne s’étalent pas sur un large espace pour ruisseler comme au hasard, elles se réunissent, au contraire, pour s’élancer en une masse compacte dans l’étroit passage laissé entre deux pointes de roc. Déprimé sur les bords et gonflé au milieu à cause de