Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/427

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
colonisation officielle

par les dépenses qu’elle entraîne, les mauvais éléments qu’elle apporte et le découragement qu’elle fait subir aux colons libres.

Cl. J. Kuhn, édit.

bône, vue prise du site d’hippone

Retardé par cette déplorable ingérence du gouvernement dans la colonisation, le peuplement s’est pourtant effectué d’une manière continue, par le fait des initiatives personnelles. Dès les premiers jours, un commencement de prise de possession effective s’était produit en dehors des forteresses et des camps occupés par les soldats et les parasites de l’armée. Malgré l’incertitude politique de l’avenir, quelques vaillants jardiniers et agriculteurs s’étaient hasardés dans les campagnes hors de la zone du canon et commençaient par la pioche l’ère de l’annexion réelle. Décimés par les fièvres et par les balles, les âpres laboureurs ne se découragent pas : aux premiers arrivants en succèdent d’autres plus nombreux. Les villages vidés par la mort se repeuplent de nouveau, puis une seconde et une troisième fois. Même les villages officiels finissent par prospérer lorsque les anciens concessionnaires ont disparu et que la colonisation libre s’y est installée. Les maisons blanches aux tuiles rouges s’élèvent sur les collines à côté des pins et des caroubiers, éclai-