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l’arménie et les puissances

efforts des habitants de Tillis qui voudraient posséder une grande école universitaire dans leur ville, si bien placée pour devenir un centre d’études ; mais le gouvernement russe, assuré que l’enseignement, même donné par des professeurs slaves, ne se servant que d’un idiome slave, n’en profiterait pas moins tout d’abord aux Arméniens, a jusqu’à maintenant résisté aux demandes de Tiflis, et les jeunes gens sont toujours obligés de se rendre dans la Russie proprement
Cl. Roïnachvili, à Tiflis.
type géorgien
dite ou à l’étranger pour y faire leurs études. En toute occasion, les Arméniens se heurtent contre le mauvais vouloir raisonné de leurs maîtres, et la moindre protestation entraîne pour le mécontent l’exil en Sibérie, c’est-à-dire la mort rapide ou lente. Le salut ne peut être que dans l’entente entre les différents peuples soumis au tsar.

Ce qu’est au fond la politique russe à l’égard de ses fidèles sujets, les Arméniens, on eut l’occasion de le constater récemment par l’attitude du gouvernement turc, qui se trouvait alors devant l’empire slave en état de demi-vassalité. Certes, la puissance de la Russie est telle que son désir eût été loi et que, si elle ne les eût point désirées, les tueries d’Arméniens dans le Haïasdan turc n’auraient point eu lieu. Mais ces crimes furent voulus. Ainsi que l’a dit un « homme d’Etat, » le gouvernement de Stamboul tenta de « supprimer la question arménienne en supprimant les Arméniens eux-mêmes ». Pendant longtemps, le peuple des Haïkanes s’était