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INTRODUCTION

avoir joué ung jeu de personnages avant la ville[1] ». Les registres municipaux d’Amiens nous fournissent un exemple analogue. À la date du 26 juin 1581, les joueurs de comédie de la paroisse Saint-Jacques sont autorisés à représenter l’Ystoire de Tobie par personnages, « à la charge qu’ils ne jouront riens de erronné et scandaleux ; que paravant juer, ils communiqueront leurs jeux au bureau, et que le lendemain ny autre jour ilz ne feront aucune cœullette de poix reboullez ne autrement, avant ladicte paroisse ny ailleurs[2] ».

Les représentations données dans les rues se bornaient naturellement à un dialogue très court ; on peut s’en faire une idée en lisant Les Plaisants Devis des supports du seigneur de la Coquille.

Les confréries de sots ne donnaient pas seulement des représentations lors des fêtes publiques ; elles jouaient même après des cérémonies funèbres, témoin un passage du curieux journal de Poncelet Meusnier, de Troyes : « 1545. Le 1er jour d’aoust, en ceste ville, le prince Gombault et ses sots jouèrent la galée ou trespas du prince Mauroy[3], [rappelant ? ] lesdicts autres sots trespassés ; et ensuite commencerent à jouer la sottise[4]. »

Pour faire bien comprendre la place réservée à la sottie par les anciens acteurs, il convient tout d’abord de rechercher comment les représentations

  1. Arch. munic. de Douai, CC 257, fol. 87.
  2. Voy. Magnin dans le Bulletin du Comité de la langue, de l’histoire et des arts de la France, t. IV, p. 99.
  3. Il s’agit de Nicolas Mauroy sur lequel on peut consulter Brunet, III, col. 1546.
  4. Revue de Champagne et de Brie, t. XIII (1882), p. 437