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INTRODUCTION

rons point l’histoire de maître Cruche[1] ; nous ne voulons emprunter à ce passage que l’énumération des parties du spectacle donné par lui. La sottie n’a d’autre but que d’attirer le public par des quolibets ; la représentation proprement dite ne commence qu’avec le monologue ou le sermon joyeux, dont l’effet doit être de mettre les spectateurs en belle humeur. Vient ensuite le mystère ou la moralité, qui est le morceau de résistance, puis la farce, qui clôt gaiement le spectacle.

Toutes les représentations, même celle des comédiens, n’étaient pas organisées d’après ce plan, mais c’était là le mode de composition le plus ordinaire. On pouvait bien, comme nous le voyons par la Vie monseigneur S. Fiacre[2] et par le Mirouer et Exemple moralle des Enfans ingratz[3], insérer dans un mystère ou dans une moralité une farce absolument étrangère au sujet, mais on n’aurait pas joué une sottie à la fin de la pièce sérieuse. Quand les sots paraissaient sur la scène pendant le mystère ou la moralité, ce n’était que pour faire des annonces aux spectateurs, comme en font le sot dont le rôle a été ajouté après coup dans le ms. du Mistere de la Passion de Troyes et celui qui figure dans le Mistere de saint Bernard de Menthon, ou pour égayer l’assistance par des facéties étrangères à l’action, comme dans le Mistere

  1. Ce prêtre-comédien est cité par Pierre Grognet comme un des plus excellents facteurs de son temps (Montaiglon, Recueil, t. VII, p. 10). On trouve une épître de lui à Robinet de Lucz dans un ms. de la Bibl. nat. (Fr. no 2261, fol. 3).
  2. Jubinal, Mystères inédits t. I, p. 304 ; Fournier, p. 18.
  3. Réimpression de Pontier, à Aix, fol. L 4 b.