Page:Recueil général des sotties, éd. Picot, tome I.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xii
INTRODUCTION

l’Histoire du Théatre français est très juste[1] ; mais nous pensons qu’il y a lieu de la compléter. Les comédiens de profession donnaient des spectacles « coupés » ; l’argument tiré du Jeu du Prince des Sotz est concluant, mais il a l’inconvénient de laisser dans l’ombre un genre dramatique important : le monologue. Voici un texte qui indique bien nettement l’ordre dans lequel se succédaient les diverses parties de la représentation.

On trouve dans le Journal d’un bourgeois de Paris, publié par M. Ludovic Lalanne[2], des détails singulièrement curieux sur une aventure arrivée au mois d’avril 1515 : « En ce temps, dit le bourgeois anonyme, lorsque le roi estoit a Paris, y eut un prestre qui se faisoit appeler monsr Cruche, grand fatiste, lequel, un peu devant, avec plusieurs autres, avoit joué publiquement a la place Maubert, sur eschafaulx, certains jeux et moralitez, c’est assavoir sottye, sermon, moralité et farce ; dont la moralité contenoit des seigneurs qui portoient le drap d’or a credo et emportoient leurs terres sur leurs espaules, avec autres choses morales et bonnes remonstrations. » Nous n’achève-

  1. Un historien, Jehan de Roye, rapporte, il est vrai, que, « à l’occasion de la paix d’Arras (23 décembre 1482), le cardinal de Bourbon fit faire en son hostel de Bourbon, à Paris, une moult belle moralité, sottie et farce » (voy. Petit de Julleville, Répertoire du Théâtre comique, 1886, p. 343) ; mais, comme en pareille circonstance la moralité devait être la pièce principale, il est vraisemblable que la sottie dut la précéder.

    Quant à la farce, elle terminait sûrement la représentation. L’usage subsistait chez nous au XVIIe siècle, et il s’est conservé en Angleterre dans les théâtres populaires.

  2. Paris, 1854, in-8, p. 13.