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INTRODUCTION

conte dom Jean Sarrazin, abbé de Saint-Vaast, « nos voyageurs prirent plaisir à une sottie commune à beaucoup d’autres lieux. Ayant accoustré quelques filles richement pour en faire des mayas, qu’ils appellent, lesquelles tirent par les rues une longue traînée d’autres filles, à la façon des reignes que l’on contrefaict aultre part[1]… ».

M. Stecher a cru trouver ailleurs que dans la sotternie l’équivalent de la sottie française. « On le rencontre, dit-il, dans une des catégories des programmes (Charte der Rethorijcken) du célèbre « lantjuweel » et « haechspel », qui coûta tant de florins à la ville d’Anvers en 1561. Ce qui y correspond à un jeu de sots se nomme factie ou sotte factie. »

Le « facteur » est le nom donné au poète attitré des chambres de rhétorique, et ce mot est souvent employé dans nos auteurs du XVe siècle et du commencement du XVIe pour désigner un poète en général[2] ; une « factie » doit donc être une œuvre poétique quelconque. M. Stecher pense que, pour arriver au sens de « sottie, le néerlandais factie a dû subir l’influence du français « farce ». Il y aurait eu ainsi dans la Flandre flamingante une interversion du sens spécial attribué aux deux expressions par les Français. Nous avouons que cette hypothèse nous paraît inutile. On disait factie par abréviation pour sotte factie ; les deux mots se trouvent réunis dans le paragraphe du programme où il est recom-

  1. Pièces inédites publiées par l’Académie d’Arras, p. 256.
  2. Cf., par exemple, la Louange des plus excellents facteurs de ce temps de P. Crognet, ap. Montaiglon, Recueil, t. VII, p. 5.