Page:Regnaud - Le Chariot de terre cuite, v2.djvu/48

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elle affranchirait tous ses esclaves sans exiger de rançon. Mais, Çarvilaka, comment se fait-il que tu sois devenu assez riche pour pouvoir me racheter à ma maîtresse ?

Çarvilaka. — « Enchaîné par la pauvreté et poussé par l’amour, j’ai commis cette nuit, ô ma belle ! un crime à cause de toi. »

Vasantasenâ. — Sa figure sereine auparavant paraît bouleversée (37) au souvenir de l’acte criminel dont il s’est rendu coupable.

Madanikâ. — Ah ! Çarvilaka, tu as exposé pour une pauvre femme deux choses de première importance !

Çarvilaka. — Lesquelles ?

Madanikâ. — Ta vie et ton honneur.

Çarvilaka. — La fortune favorise la témérité et l’audace (38).

Madanikâ, avec ironie.Tu as raison, Çarvilaka ; ton honneur est sauf et le crime que tu as commis à cause de moi n’est pas de ceux qui sont formellement (39) interdits (40).

Çarvilaka. — « Je n’ai pas dépouillé une femme des bijoux qui l’ornaient, comme une liane de ses fleurs ; je n’ai pas pris l’avoir d’un brahmane ni l’or recueilli par lui pour salaire du sacrifice ; je n’ai pas enlevé un enfant des genoux de sa nourrice pour en tirer profit : au moment même où je com-